Du temps acheté. La crise sans cesse ajournée du capitalisme démocratique

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Sociologue de l'économie, Wolfgang Streeck analyse la crise financière et fiscale de 2008 non pas comme un événement singulier, mais comme une séquence de l'évolution du capitalisme depuis 1945.

Plus particulièrement de ce que l'auteur appelle le "capitalisme démocratique" – ce régime économique qui, jusqu'aux années 1970, achetait l'adhésion des populations occidentales grâce à la promesse d'un constant progrès de leur condition sociale et par les possibilités d'emprunt et de crédit. Il fallait gagner du temps sur la crise éventuellement à venir.
Dès les années 1980, suite à la résistance à l'impôt des producteurs de richesses financières et à leur lutte pour les allègements fiscaux, un nouveau régime se met en place, marqué par l'inflation et les déficits budgétaires nationaux. Le financement de la dette publique passe à des institutions privées qui exigent en retour la consolidation par la dérégulation des marchés financiers, puis la compensation de leur faillite par les États.
Plus que jamais, l'économie ne relève pas d'une gestion technicienne, mais d'une instabilité constante dans les rapports de force entre producteurs de biens et producteurs de profits : aujourd'hui les marchés entendent s'internationaliser sans plus rencontrer d'obstacles politiques du fait des Parlements nationaux ni de leur législation.

La globalisation est un leurre qui masque la réalité : à l'État fiscal classique a succédé dans les années 1970 l'État débiteur, qui entendit, par les emprunts publics et les crédits privés, désamorcer les antagonismes sociaux et maintenir une forme de croissance. Aujourd'hui, nous vivons dans l'État de consolidation – celui qui fait payer aux citoyens le service de la dette par des réformes de structure visant à se délester de ses fonctions régaliennes et de certaines missions de service public au profit d'institutions hors de portée des représentations démocratiques nationales : l'euro et la Banque centrale européenne en sont deux exemples avérés.

Table of contents

Table of contents
Couverture 1
Titre 5
Copyright 6
Introduction - La théorie de la crise — à l’époque, aujourd’hui 7
Chapitre premier - De la crise de légitimation à la crise fiscale 23
Une crise d’un nouveau type 30
Deux surprises pour la théorie des crises 36
L’autre crise de légitimationet la fin de l’apaisement social de l’après-guerre 46
Le grand tournant : du capitalisme de l’après-guerre au néolibéralisme 54
Du temps acheté 61
Chapitre II - La réforme néolibérale : De l’État fiscal à l’État débiteur 79
Une crise financière due à une défaillance de la démocratie ? 80
Le capitalisme et la démocratiedans la révolution néolibérale 85
Digression : capitalisme et démocratie 91
Affamer la bête ! 99
La crise de l’État fiscal 106
De l’État fiscal à l’État débiteur 109
État débiteur et répartition 114
La politique de l’État débiteur 117
La politique de la dette,une diplomatie financière internationale 132
Chapitre III - La politique de l’État de consolidation : le néolibéralisme en Europe 141
Intégration et libéralisation 142
L’Union européenne en tant que machine à libéraliser 149
Une mutation institutionnelle : de Keynes à Hayek 158
L’État de consolidation en tant que régime européen à plusieurs niveaux 161
La consolidation fiscale en tant que transformation de l’État 166
Croissance : Back to the Future 177
Une digression : les programmes de croissance régionaux 187
De la capacité stratégique de l’État de consolidation européen 203
La résistance à l’État de consolidation international 215
Et maintenant ? 227
Conclusion - Qu’attendre de la suite ? 227
Capitalisme ou démocratie 237
L’euro, une expérience irréfléchie 239
La démocratie existe-t-elle dans la zone euro ? 243
Petit éloge de la dévaluation 249
Pour un Bretton Woods européen 253
Gagner du temps 257
Postface - Un « petit-étatisme » nostalgique ? -Une réponse à Jürgen Habermas 261
Le Bayern de Munich et l’Europe 261
La politique de l’Union monétaire 264
L’Union monétaire et les intérêts allemands 271
Habermas, l’Allemagne et la démocratie européenne 275
Encore et toujours : démocratie et capitalisme 284
Appendices 289
Bibliographie 291
Notes 307
Table des matières 377
Achevé de numérisation 389