Passages de la prose, poésie dévoyée

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  • Éditeur québécois

En 1942, soit cent ans après l’année où Mallarmé naît et Gaspard de la nuit paraît, Jean-Aubert Loranger s’éteint des suites d’un malencontreux accident qui met conséquemment un terme à son œuvre. Bien qu’elle paraisse incongrue, voire fantaisiste, cette périodisation semble pourtant marquer les limites d’un passage esthétique particulier où se serait jouée la modernité formelle de la poésie au Québec.

Dans la suite des possibilités génériques jadis ouvertes par Aloysius Bertrand, qu’il a connu au moins par le biais du Nigog, mais aussi à la lumière des formulations relatives à la « crise de vers » de Mallarmé, Loranger agence une œuvre où les stratégies esthétiques découvrent une fabrique de la prose qui ne semble pleinement lisible que depuis le rapport ironique à la forme en vers qu’elle contribue à détourner. Cette fabrique agissant comme un mythe qu’il s’agit de débusquer, cet essai postule que ­l’intelligibilité procurée par l’organisation manifeste des signifiants formels et génériques, dans l’œuvre poétique et narrative de Jean-Aubert Loranger, agit comme pensée de tout autant que comme pensée sur la littérature.

C’est à cette condition que, en opérant une mise en forme des textes à partir de classements reçus (et acceptés pour tels) de la littérature française, Loranger a produit une œuvre sans doute alors inédite dans notre littérature. Mais il a peut-être aussi surtout laissé une œuvre profondément romantique, c’est-à-dire une œuvre où compte précisément le rapport que l’art institue avec le présent.

Table des matières

Table des matières
Couverture 1
Table des matières 11
Liste des sigles 13
Le mauvais genre... 15
D’une grammaire générique… 18
… À une grammaire formelle 21
Le « sens exact et restreint » du poème ? 23
Le vers, tout simplement ? 27
La « lisibilité de la forme » 31
Chapitre 1 - Une scénographie poétique 35
Un univers problématique et des codes génériques 37
L’hypotypose constituante 43
La structuration poétique par le double 46
Autres analogies 53
Fabriquer du continu : la prose des textes 57
D’une rame à l’autre 62
Chapitre 2 - Scénographies subjectives 69
Bios et poésie : les « masques d’autorité » 73
Je ? Me ? Nous Loranger 78
Je e(s)t l’autre 81
Matérialité et horizontalité 91
La voix : objectivité et matérialisation du poème 96
Chapitre 3 - La poésie en suspens 103
L’analogie reconfigurée 106
La transcendance repensée 110
Loranger lecteur 116
Le réel reconfiguré, la mort de la poésie 125
Chapitre 4 le réel esthétisé : Loranger conteur 137
Les décalages formels 141
Qui raconte ? « Joë Loranger »… 147
Effets de répétition, structures du dédoublement 153
Je e(s)t vous : excédences de l’identité 158
La bibliothèque comme forme de littérarité 165
« L’arrangement » de la bibliothèque 175
Conteur parce que poète ; poète parce que conteur 185
La forme en suites 188
Le Kairòs de la répétition 190
Un écrivain de l’autre siècle ? 192
La forme responsable 195
Quatrième de couverture 200

Compléments